L’île de rêve … toujours aussi enchanteresse qu’en 1996
Par Jeannine Perron (293), Gilles Grondin (847) et Cécile Perron (129)
Encore une fois, à l’invitation de Jean-Claude, des Perron d’un peu partout accompagnés de parents et d’amis, se sont allègrement rassemblés à l’Isle-aux-Coudres. Et encore une fois, ce fut la grande fête, cette fois, en célébration du 20e anniversaire de notre Association.
Plusieurs sont arrivés la veille et en ce samedi matin, la foule s’empresse de passer à l’accueil où attend, avec un grand sourire Jean-Claude, l’hôte de la fête, assisté tour à tour de sa fille Marie-Noëlle, sa soeur Claudette et deux autres membres du comité organisateur: Christiane (631) et Claudine (795). Avec sa carte d’identification, chaque personne reçoit aussi un présent du comité organisateur: un signet très représentatif des Perron de l’île, conçu par Pascale Perron. Gabrielle (313), notre présidente est-là aussi qui remet à chaque participant, en souvenir du 20e, un joli sac fourre-tout affichant le blason des familles Perron. Comme il fait bon de revoir le beau décor rustique de l’hôtel Les Voitures d’Eau où nous aurons sans doute la chance de nous entretenir avec le Capitaine Éloi Perron (592).
Les membres qui ont leur passeport Perron passent voir George (491) au stand de l’Association pour le faire estampiller. Plusieurs font renouveler leur adhésion; nous accueillons aussi de nouveaux membres et d’autres s’enquièrent auprès de Michel quant à leur lignée ancestrale. De petits groupes se forment ici et là pour se saluer et échanger leurs nouvelles et se rappeler de bons moments pendant les quelques minutes qu’il reste avant que ne commence la première Visite guidée autour de l'île.
« Dès 9 heures trente, samedi, c'est le grand départ pour le tour de l'île. Tout le monde est en forme pour emmagasiner toutes les informations de notre guide, Michel (593), fils du Capitaine Éloi. L’on sent d’emblée qu’il est compétent et amoureux de son île.
Première étape: Musée Les Voitures d’Eau
Situé sur la Pointe à Antoine, région des Perron, et ouvert au début des années 1970, ce musée se veut un rappel de la navigation d'antan. Le Capitaine Éloi Perron, qui a lui-même navigué pendant 40 ans, est le propriétaire du musée et l'un des derniers témoins de cette époque. Des pièces de collection témoignent de l'évolution des bateaux qui assurèrent le transport des marchandises, surtout l'été, entre les villages et les villes de Québec, Trois-Rivières et Montréal.
Les bateaux à voile furent vite remplacés par les bateaux à moteurs diésel dont le `Kahlenbery` en montre ici. Le majestueux Mont St-Louis bateau du capitaine Éloi que nous visitons de la cale à la timonerie témoigne de l'époque rude et exigeante de la vie des marins. ‘Théodore’ et ‘Josiane’, barques de pêcheurs, donnent l'occasion de rappeler leurs exploits à l'anse à Michon. Michel nous enseigne avec passion, les marées et l'utilité des bouées rouges, vertes, noires, numérotées, sur le Saint-Laurent.
Dès 1930, un traversier assurait le trajet entre l'île et Saint-Joseph-de-la-Rive: la goélette Isle-aux-Coudres. De nos jours, deux traversiers font la desserte, ce sont le N.M. Joseph-Savard et le N.M. Radisson.
Deuxième étape: Moulin à vent et Moulin à eau
En 1752, il n’y avait qu’un seul moulin à vent à la Pointe de l'Ilette (ou Pointe de l’Islet) pour moudre le grain et subvenir aux besoins de la population. En 1773, on en érigea un autre à la côte de la Baleine, mais les insulaires manquaient toujours de farine. C’est beaucoup plus tard que les habitants obtinrent des Jésuites du Séminaire de Québec la permission de construire un moulin à eau qui fut érigé en 1825 sur la rivière Rouge. Le moulin à vent de l’Ilette fut éventuellement abandonné et démoli, et on en bâtit un autre près du moulin à eau en 1836. Ce sont ces mêmes moulins que nous visitons aujourd’hui. Un peu plus tard, on construirait la maison du meunier, (1910-1915); Étienne Bouchard habiterait le deuxième étage.
Au Moulin à eau, nous assistons à une démonstration de mouture de blé et de sarrasin. Il est même possible de se procurer de la farine fraîchement moulue sur de véritables meules de pierre à la méthode d'antan. La visite est habilement commentée par Myriam qui nous distribue des échantillons de grains de moutures différentes, et nous parle de l’auge qui apporte l’eau au moulin. Le jeune meunier nous explique le fonctionnement de la grande roue, de la meule principale et des engrenages, et nous fait une démonstration de mouture de sarrasin. Une agréable odeur de farine envahit la pièce. C’est au sous-sol que nous pouvons voir de nos yeux et entendre de nos oreilles comment fonctionne l’engrenage du moulin.
Il fallait vraiment être en forme pour se rendre au toit du Moulin à vent. Ce toit très spécial est amovible et s’ajuste à l'aide d'une perche pour capter le sens du vent. Par conséquent, d’où que soufflait le vent, le moulin restait fonctionnel. Quelle visite enrichissante de ces bâtiments! Plusieurs d'entre nous s’arrêtent à la boutique des moulins et rapportent en souvenir soit de la farine, soit des livres de recettes ou des œuvres d’artisans locaux.
Troisième étape: La Cidrerie Pedneault
Dans la paroisse Saint-Bernard, au centre administratif, nous sommes accueillis à bras ouverts... et à bouteilles ouvertes. Nous y dégustons du cidre aromatisé à la prune, à la poire, à la pêche etc. Fait remarquable, la famille Pedneault demeure propriétaire de cet établissement depuis des générations. La fierté se vendait en bouteille... et les Perron en profitent pour s’en procurer quelques-unes.
Et nous continuons de rouler autour de l’île. Tout au long du parcours, nous rencontrons des croix de chemin, témoins de la foi des habitants. On s'y réunissait pour la prière. La chapelle Saint-Pierre servait de reposoir pour la Fête-Dieu. Au loin dans le fleuve, nous remarquons le pilier du ‘vieil indien’ nommé ainsi par les anciens à cause de la ressemblance. Fait à noter, la mer ne recouvre jamais ce pilier.
Quant à la Roche pleureuse, la légende raconte que la fiancée de Charles Desgagnés s’est transformée en pierre et le pleure toujours. Il est parti en 1805 vers les vieux pays sans jamais revenir. Au loin dans la ‘pointe du bout d'en bas’, on admire une statue bleue dite Notre-Dame du réel, en fait Notre-Dame de l'Assomption, érigée en 1960 par Horace Pedneault en reconnaissance de sa guérison. Un dernier spécimen rare: la maison croche, attraction spéciale des touristes. Les fenêtres sont croches... méfiez-vous des façades...
Merci à Jacques Cartier qui a découvert cette merveilleuse Isle es Couldres en 1535. Merci à Michel; il a agrémenté ce voyage de détails riches et savoureux. Il a le talent du raconteur. Nous l'avons écouté longtemps avec plaisir; nous attendons son livre... pour y retrouver tout ce savoir et ce grand amour qu’il porte à son île.» (Jeannine)
Les ‘touristes’ Perron qui reviennent du tour guidé ont-ils rencontré par hasard le tandem de Fabrice (940) et Marie-Gabrielle Perron qui faisaient une randonnée en privé? Vers midi, on se rend au casse-croûte Le Mouillage avoisinant le musée. Un léger goûter sous le soleil et quelques moments de détente entre amis, rien de plus relaxant et apprécié. Certains vont marcher aux alentours et en profitent pour photographier la plaque commémorative dévoilée en 1996 et érigée à la Pointe à Antoine. En après-midi, pendant que le deuxième groupe se met en route pour leur tour de l’île, un bon nombre de participants assistent à la présentation d’un court métrage de Pierre Perreault intitulé C’est le beau plaisir.
«Le film que nous avons visionné présentait une pêche aux marsouins telle qu’elle se faisait anciennement. Cet animal, décrit pour la première fois par Jacques Cartier lors de son voyage de 1535, est en fait le béluga du Saint-Laurent. Sa chasse fut pratiquée par nos ancêtres résidant le long du fleuve, depuis les débuts de l’établissement des pionniers français en Nouvelle-France jusque dans les années 1920. Depuis 1979, l'animal jouit d'ailleurs d'un statut d'animal protégé. Les habitants de l'Isle-aux-Coudres ont cependant obtenu une permission spéciale pour tendre de nouveau une pêche aux marsouins dans le but de montrer la technique qu’utilisaient leurs ancêtres pour capturer cet animal. Celui du film a d'ailleurs été capturé vivant pour être ensuite vendu à un aquarium.
Les anciens nous ont montré comment préparer les centaines de harts, troncs de jeunes arbres d'environ 2 pouces (5 cm) de diamètre et d'une vingtaine de pieds (7 m) de long, dont ils avaient besoin. On les a aussi vus fixer le piège en enfonçant des pieux à marée basse. Il fallait les placer bien distancés les uns des autres, au bon endroit et surtout donner la bonne forme au piège. À marée haute, les bélugas à la poursuite des petits poissons dont ils se nourrissent, s'engouffraient dans le piège et y demeuraient prisonniers lorsque la marée se retirait.
Il existe une polémique quant à l'origine de cette activité en Nouvelle-France. Certains affirment qu'elle fut importée par les Français alors que d'autres affirment que la technique utilisée fut enseignée aux premiers colons par les Amérindiens. Quoi qu’il en soit, les recherches ont montré que les Amérindiens chassaient le béluga pour sa chair. Pour ce qui est de nos ancêtres, il semble qu'ils n'appréciaient pas cette nourriture mais chassaient uniquement pour l'huile produite par le gras de l'animal qui peut représenter jusqu'à 35% du poids total de ce dernier. Il est certain que cette ressource a produit un revenu d'appoint important à nos ancêtres.
Les gens ont bien apprécié le film. Moi surtout, j'ai beaucoup aimé, en particulier parce qu'un ancêtre Grondin avait obtenu un permis de pêche au marsouin en 1744 à Rivière-Ouelle. J'ai écrit son histoire l'an dernier. Le visionnement de ce film m'a rappelé de bons souvenirs des recherches que j'avais effectuées à l'époque. J'ai d'ailleurs acheté le coffret des DVD de l'Isle-aux-Coudres. Pour un amateur d'histoire comme moi, c'est un véritable trésor... » (Gilles)
On se rend à l’église Saint-Louis pour la célébration de la messe des Perron dont les officiants sont les Pères Raymond (332) et Renaud (493) Perron, tous deux résidents de Sherbrooke, et le curé de l’île, M. Denis Falardeau. Tel que déjà mentionné dans un bulletin antérieur (Vol. 13, No 2, p.21), la statue de saint Louis sise là-haut entre les deux clochers, est l’œuvre du sculpteur Louis Jobin (1844-1928), maître en art religieux. D’un intérieur somptueux, cette belle église de pierre qui date de 1885 renferme dans son jubé un magnifique orgue Casavant que touche à cette occasion madame Bouchard de Petite-Rivière-St-François.
Encore une fois, les Perron se recueillent et remercient leurs ancêtres du riche patrimoine qu’ils leur ont laissé. À la fin de la messe, le chœur de chant entonne, au grand plaisir de tous, Partons la mer est belle ! Qui ne se rappelle pas cette touchante chanson qui fait partie de notre folklore canadien et que nous avons apprise dans nos jeunes années! D’un commun accord, la nef entière se joint à la chorale et toutes ces voix font frémir les murs de l’église. Quel bel hommage à rendre à tous les hommes de mer d’Isle-aux-Coudres, à ceux qui ont péri et à ceux qui ont survécu, ainsi qu’à Charles-Émile Gadbois, à qui nous devons La Bonne chanson, recueil de nos plus belles chansons françaises et canadiennes. Merci à Réjeanne d’avoir suggéré que ce chant soit ajouté au répertoire de la chorale, ce jour-là.
À la sortie de l’église, les participants se réunissent sur le parvis, le temps de prendre quelques photos. Il y a aussi une caméra à l’œuvre: c’est en prévision d’un programme sur les familles souches qui sera télédiffusé plus tard sur TVA et LCN. Puis, retour à l’hôtel pour le souper convivial.
Souper et soirée
Nous sommes accueillis par un cocktail accompagné de quelques mots de bienvenue de notre hôte Jean-Claude; puis les participants sont invités à se rendre aux tables. Le service ne tarde pas; un service impeccable, fait de façon professionnelle. Vivement, nous sommes enveloppés d’un bruit de voix de toute intensité et de tout tempo, entrecoupé ici et là par de francs éclats de rire. Les Perron s’amusent.
″Entre le potage et le plat principal″, comme disait jadis le président Claude G. (5), commence l’animation qui aujourd’hui est offerte par Jean-Claude. Quand arrive le moment des hommages que l’Association réserve aux jubilaires, Jean-Claude passe le microphone à Gabrielle. Cette année, le Capitaine Éloi Perron (592) et son épouse Pierrette Harvey célèbrent 60 ans de mariage; André Perron (12) et Aline Naud, 50 ans; l’ancien président de l’AFPA Normand Perron (552) et Mariette Gaudreau, 51 ans; et Lise Perron (587) et Gérard Pleau, 50 ans. La gerbe de fleurs traditionnelle et un parchemin leur sont remis par la présidente et un membre de la famille ou du comité organisateur. Mme Anne-Marie Perron, tante de Jean-Claude et doyenne de la famille à 93 ans, reçoit aussi un témoignage d’admiration et de reconnaissance de la part de sa famille et de l’Association. Deux mignonnes fillettes, Érika Perron (7ans) et Noémie Perron (5ans), s’avancent jusqu’à la table de ″Tante″ Anne pour lui présenter les fleurs.
Désirant célébrer de façon bien spéciale notre 20e anniversaire, le Conseil avait invité de jeunes personnalités Perron, notamment l’actrice Marie-Chantal Perron, l’humoriste Alex Perron, lui-même un enfant de l’île, le pianiste Francis Perron, le hockeyeur David Perron et le reporter Darren Perron. Malheureusement, ils n’ont pu se libérer de leurs engagements professionnels, mais nous ont fait parvenir leurs regrets et leurs vœux. L’homme de hockey et ancien entraîneur des Canadiens de Montréal, Jean Perron (925) devait y être avec son épouse, mais a dû décommander à la dernière heure. De même, l’artiste Jimmy Perron qui devait peindre un tableau sur place a été appelé ailleurs. La présidente lit à la foule les réponses de chacun ainsi que leurs souhaits de belles et chaleureuses retrouvailles. Darren Perron du Vermont, tout juste revenu d’une tâche en Afghanistan, nous envoie ses vœux sur DVD à être visionné au cours de la fin de semaine. Néanmoins, nous avons l’immense plaisir d’avoir parmi nous des jeunes mariés de France, l’historien Fabrice Perron (940) et Marie-Gabrielle, venus passer leur lune de miel au Canada expressément durant le rassemblement des familles Perron. La foule les applaudit avec enthousiasme. On applaudit aussi Pierrette, la femme du capitaine, ainsi que Rolande, tante de Jean-Claude, qui nous chantent de beaux airs d’autrefois.
De nombreux prix de participation sont tirés au sort. Trois prix spéciaux font l’objet d’une levée de fonds pour le comité organisateur; les gagnants sont: Micheline (393) et Jeannine (293) Perron pour le forfait des Voitures d’Eau; ″Tante Lila″, Rosalia Bouchard pour une peinture de Jimmy Perron; et Jonathan Dessureault pour la sculpture des armoiries Perron, don annuel de Jean-Claude. Plusieurs membres de la famille de Jean-Claude sont présents, parmi lesquels, son frère, ses sœurs, six neveux, du beau monde ces jeunes de la relève, et des cousins. La soirée se termine par de la musique et danse avec un animateur de l’endroit.
Assemblée générale annuelle et dîner de clôture
Le dimanche matin, juste avant l’assemblée générale, les participants visionnent le DVD de Darren Perron, cousin de Gabrielle.
L’assemblée générale rassemble 42 membres plus certains conjoints. Il n’y a pas d’élections cette année et le Conseil demeure le même bien que les postes soient maintenant répartis ainsi: Présidente: Manon (719), première Vice-présidente: Gaby (313), deuxième Vice-présidente: Cécile (129), Secrétaire: Michel (284), Trésorier: Michel (152), et les administrateurs: Rhéal (492), George (491), Normand (838) et Robert (901).
Un délicieux dîner nous est servi; une dernière chance de faire une jasette et l’on se dit ″Au revoir″ avant de reprendre le chemin du retour. C’est un beau rassemblement de notre 20e que nous venons de vivre grâce à Jean-Claude, son comité organisateur, Michel et toute l’équipe de l’Hôtel-Musée Les Voitures d’Eau. Ils méritent grandement notre reconnaissance pour nous avoir donné une autre belle occasion de savourer de bons moments sur leur île de rêve qui demeure toujours aussi enchanteresse. (Cécile)
Sources:
Des Gagniers, Jean: Charlevoix pays enchanté. Éd. Les Presses de l’Université Laval, 1994
Harvey, Christian: Pour la suite du monde. La pêche aux marsouins (bélugas) dans Charlevoix. < http://www.encyclobec.ca/main.php?docid=66 >, 2002
Isle-aux-Coudres, 2011-2012, Guide, Tourisme Isle-aux-Coudres.
Les 100 plus belles chansons, 10e édition. Éd. La Bonne Chanson, La Prairie, 1956
Mailloux, Alexis: Histoire de l’Île-aux-Coudres, Ed. Comeau & Nadeau, 1998
Perreault, Pierre et Brault, Michel: Pour la suite du monde. Film produit par l'Office National du Film du Canada, 1963
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